Artkatana
Histoire du katana à travers le temps
Introduction
Voici un article sur l'évolution du katana à travers le temps. Il ne constitue évidemment pas une étude exhaustive, mais se veut être un résumé simple et tout de même très complet.

Si vous lisez cet article, alors sans doute êtes vous un amateur et avez déjà entendu plus d'une fois le terme Nihontō. Nihontō signifie sabre Japonais, qu'il soit ancien ou récent. On a tendance à appeler Nihontō les anciens sabres par « abus de langage » en quelque sorte, alors que Nihontō, devrait plus justement à désigner un sabre forgé au Japon. En effet, dans les Nihontō existent les Jōkotō, les Kotō, les Shintō, les Shinshintō, les gendaitō, showatō, et enfin les shinsakutō ou shinken, tous d'une période différente, en commençant par la plus ancienne, jusqu'à nos jours. Vous verrez que le katana a énormément changé d'aspect en fonction des périodes, parfois à cause des guerres, mais aussi souvent d'une manière très intéressante et plus subtile, en fonction du pouvoir qui dirigeait le pays.
Les Jōkotō
Les premières armes apparaissent au Japon dès la période Yayoi, à partir de 300 avant J.C.
La recherche de l'efficacité prend rapidement place, les lames doivent être toujours plus tranchantes, et pourtant solides : se briser difficilement, et subir les chocs sans broncher. Le Nihontō, ou sabre Japonais, qui semble être un objet hautement artistique, est donc en vérité né d'une volonté d'amélioration purement technique. Mais il s'avère que les épées ont en effet été considérées comme des pièces d'art respectées très tôt dans l'histoire du Japon, comme en attestent les anciens textes Kojiki et Nihon shoki (8ème siècle). Et cela ne s'arrête pas là, puisqu'au Japon, les premières lames (Jōkotō) constituaient aussi des objets d'adoration. Ainsi l'un des trois équipements impériaux sacrés est l'épée, qui aurait été donnée par les dieux à la lignée impériale pour prouver sa légitimité. La connotation sacrée a par ailleurs été confirmée lorsque l'on a découvert des armes dans nombre de sépultures très anciennes, d'autels, et de temples à travers tout le Japon.

De l'épée au sabre il y a une grande différence (l'épée est à deux tranchants alors que le sabre est à un seul tranchant) et le sabre Japonais ou katana tel que nous le connaissons a vu son ancêtre apparaître au milieu de la période Heian (794-1099) avec les premiers sabres appelés Jōkotō (attention néanmoins, toutes les épées datant de l'époque Yayoi à la période Heian étaient elles aussi appelées Jōkotō, mais c'est pendant la période Heian que sont apparut les sabres qui deviendront par la suite les katanas que nous connaissons). Leur forme est en effet très proche des katanas qui sont faits encore de nos jours. Les premières courbures apparaissant cependant vers la moitié de l'ère Asuka (645) avec en particulier le forgeron Amakuni à partir de 700 (Une des figures principales de la forge japonaise, créateur du tachi). Il existe alors de nombreux types de Jōkotō : les tsurugi (jian), warabite no tashi, tosu et surtout les tachis, parents direct du katana. Les premiers tachi de la période Jōkotō ne sont pas courbés, mais comparés à un tsurugi par exemple, on voit bien le rapprochement avec le katana, voyez plutôt :


Tsurugi du 5ème siècle, puis Jōkotō proche du katana
La période Nara (710-794) a vu l'apparition de nombreux Jōkotō en kissaki-moroha-zukuri. Notez la pointe (kissaki) à double tranchant, inspirée des Jians Chinois. Le premier tachi, attribué à Amakuni Yasutsuna possédait cette forme.
Les autres Jōkotō étaient en général comme ceux de l'image précédente, c'est à dire avec un kissaki (pointe) plus classique en Kiriha-zukuri.

La forge se développe énormément à cette période, en effet les pouvoirs du gouvernements diminuent en faveur des clans qui scindent le Japon. De nombreuses guerres apparaissent et expliquent donc ces innovations techniques. Bien qu'on trouve alors de nombreux Jōkotō de mauvaise qualité (techniques de chauffe sans doute mal réalisées, et métaux de mauvaise qualité) il existe quelques sabres d'exception qui n'ont rien à envier aux katanas moderne. Bien qu'ils semblent être forgés à partir d'un seul morceau de métal (et non la fusion de plusieurs comme on le verra plus tard) le grain est excellent, témoignant de matériaux de bonnes qualités, mais aussi de techniques de forges parfaitement maîtrisées. (Le grain, est des motifs visibles à la surface de l'acier pour l’œil d'un spécialiste averti. A ne pas confondre avec l'acier damassé, dont les motifs sont du aux différentes nuances d'acier). Néanmoins ces Jōkotō restent rares.


Voici par exemple l'image du Heishi shorin ken, Jōkotō d'excellente qualité (aujourd'hui trésor national ou "Kokuho") :
ou le Kogarasu-maru, qui témoigne de la transition entre les Jōkotō, droits, et les premiers Kotō qui deviendront courbés :
Un de ces fameux kissaki-moroha-zukuri, ou kogarasu-maru-zukuri, cette dernière dénomination (servant donc à désigner les pointes à double tranchant) provenant d'ailleurs de ce sabre, trésor national forgé par Amakuni pour le clan Taira.
Les Kotō
Au tour donc de ces fameux Kotō qui apparaissent à la deuxième moitié de l'ère Heian, jusqu'à l'air Muromashi. Ce sont à nouveau des tachis, mais cette fois-ci ils deviennent de plus en plus courbés : on découvre qu'il en résulte de meilleures capacités de coupe et une meilleure résistance aux chocs. Naturellement, les lames se courbaient lors de la forge : en effet c'est une conséquence physique lorsque le tranchant est proche du dos de la lame. Les forgerons décidèrent non plus d'éviter les courbures, mais au contraire de les travailler. Les Kiriha-zukuri laissent alors place aux Shinogi-zukuri, une évolution de la pointe la rendant plus raide (ou fine) au niveau du tranchant et la zone juste après celui-ci. La lame est alors bien plus tranchante (c'est la structure encore la plus utilisée).
Kiriha-zukuri puis Shinogi-zukuri
Attention cependant: plus tranchante veut aussi dire plus faible face aux armures lorsque cet aspect tranchant provient d'un fil affiné (angle plus aigu), les risques de casse sont augmentés. C'est là qu'apparaît déjà à l'époque toute la difficulté de la forge des sabres Japonais : obtenir un juste milieu, avec une arme toujours plus tranchante sans en faire pâtir la solidité. Jouer avec les angles devient alors indispensable (plus tard d'autres techniques permettront de rendre les katanas plus souples et donc moins cassants face aux chocs, avec l'apparition des composites par exemple). Il a suffit de quelques Jōkotō « ratés » avec des courbures non souhaitées et mal rattrapées, ainsi que de bonnes observations, pour se rentre compte que ces courbures permettaient aux armes d'être bien plus incisives. Le Kotō était né. Ces sabres ne sont pas encore appelés katana, mais tachi.

Il y a bien d'autres améliorations avec les Kotō, les lignes de trempes (hamon) sont considérablement mieux réalisées, les nakago (soie de la lame) sont elles aussi mieux réalisées, et les excellentes pièces deviennent moins rares : les techniques de forges sont nettement mieux maîtrisées. Les premières traditions apparaissent avec la tradition Yamato Den et sa première école, l'école Senjuin vers 1184, inspirées du forgeron Amakuni. Puis vers 1187 l'école Awataguchi reprenant les techniques de Sanjo Munechika permet à la tradition Yamashiro de naître, et enfin la tradition Bizen voir le jour avec l'école Ichimonji. C'est la tradition Bizen qui rencontrera rapidement le plus de succès, suivi de prêt par la tradition Yamashiro.

Certains tachi seront par la suite surtout utilisés pour la cavalerie, avec un fourreau en métal et une sageo (tressage sur le fourreau) plus importante pour éviter les frottements sur la selle. La lame des tachi est par ailleurs beaucoup plus courbée. La zone d'impact optimale (appelée "mono-uchi") se situe donc dans le premier tiers de la lame, alors que le milieu de la lame du katana est la zone la plus efficace de celui-ci. Il mesure en moyenne 70cm et au moins plus de 60cm, la taille se rapproche donc elle aussi du katana.

reproduction de tachi de la fin de l'ère Heian, 11ème siècle :
Exemple de différence de courbure entre tachi (à gauche) et katana (à droite) :
Suite à l'ère Heian, arrive la période Kamakura (1185-1333) ou est instauré un nouveau Shōgun (gouvernement militaire), le premier Bakufu (« gouvernement sous la tente ») est mis en place. C'est la période où de très nombreux forgerons font leur apparition à travers le Japon, développant des techniques originales et de plus en plus personnelles. Les écoles se développent (Bizen, Yamashiro, Yamato, Sōshu) et les sabres deviennent moins raffinés en règle général. Ils sont en effet plus longs, plus larges au niveau de la soie, et surtout plus incisifs car le kissaki (pointe du katana) est rallongé. Les trempes sont meilleures, les aciers plus résistants, et la tradition Soshu qui est en grande partie à la base de ces modifications rencontre un grand succès (tradition née du forgeron Yukimitsu membre au départ de la tradition Yamashiro). Ceci est sans doute explicable de par le fait que le pouvoir militaire est plus sévère et agressif qu’auparavant, et que le pays entre en guerre avec les mongoles. En effet deux invasions mongoles ont échouées, mais une troisième semble se profiler. Elle n'aura finalement jamais lieu, mais l'annonce de cette possible troisième attaque et le sentiment d'état de siège provoqué par les deux précédentes, a considérablement atteint le monde de la forge. La création de nouveaux hamon (lignes de trempe) par exemple font leur apparition, plus simples et en ligne plus droite, ils auraient à priori été aussi plus solides. Beaucoup affirment que ces hamon ne seraient en réalité pas plus résistant. Seuls quelques forgerons, nommés « les forgerons immuables » continuèrent à produire des sabres selon la forme de la fin de l'ère Heian, et du début de l'ère Kamakura. Ils apportèrent même quelques modifications techniques et de style.
Schémas du livre « The connoisseur's book of japanese swords »
L'ère Nanboku-chō de 1333 à 1392, voit enfin l'apparition de longues lames différentes, qui n'étaient jusque là que des tachi. Les nodachi font leur apparition, mais c'est surtout une période remarquable car les belles formes déjà imposantes de la période Kamakura sont reprises pour être encore plus agrandit, les sabres deviennent alors très imposants, ceci ne remettant pas du tout en question leur excellente qualité technique. C'est aussi là qu'apparaîtra la dernière des 5 traditions, ou Gokaden, avec la tradition Mino, provenant de l'école Tegai de la tradition Yamato avec Kaneuji. Kaneshige (ou Kinju) de la province Echizen sera aussi une grande figure des débuts de la tradition Mino. On considère que les premiers Mino étaient un mélange entre les traditions Sōshu et Yamato. Le succès de la tradition Sōshu se confirme, et cette tradition attirera de très grands forgerons tels que Masamune ou Sadamune. Les traditions Yamato et Yamashiro sont en déclin, et finissent par se confondre et fusionner.

L'ère Muromachi (1392-1573) voit enfin la disparition des tachi de type Kotō qui sont alors très largement remplacés par les katanas. En effet les combats changent, et il devient important de pouvoir dégainer et frapper en même temps (Nuki Uchi). Le tachi, trop courbé mais surtout trop long, ne permet pas cette manœuvre et est donc porté tranchant vers le bas, alors que le katana est porté tranchant vers le haut. Les lames perdent l'agressivité qu'elles avaient acquis pendant la période Nanboku-chō pour se rapprocher de se qui étaient fait à l'ère Kamakura, avec des lames de 70-73cm (taille standard appelée Josun), voir même 60cm pendant la période Sengoku. Pour les sabres, cette période est divisée entre l'avant guerre d'Ōnin (guerre civile qui durera 10 ans) et l'après guerre. Lors de la première partie on a des sabres qui se confondent un peu : tachi et katana sont très proche l'un de l'autre, et parfois ce n'est même que la signature qui les différencient sous demande de celui qui a commandé la lame, avec tachi ou katana noté sur la soie de la lame (katana-mei et tachi-mei). L'Uchigatana apparaît en 1429, il ne mesure que 60cm en moyenne et pas plus de 70cm, et peut donc facilement être utilisé à une main. Le wakizashi Shintō qui viendra par la suite se démarquera néanmoins de l'Uchigatana, qui disparaîtra assez rapidement, tout comme finalement le tachi, pour laisser place aux termes "katanas" et "wakizashi". Le terme katana permet alors par extension de désigner les Uchigatana et les Tachi. Aujourd'hui encore on distingue cependant certains tachi de la catégorie katana, lorsqu'ils sont véritablement prévus pour la cavalerie et que leur apparence est largement notable.
Uchigatana
L'Uchigatana :

Souvent d'assez mauvaise qualité, en général destiné aux guerriers de bas rang, on commence à distinguer les tailles et à donner les noms katana et wakizashi dans l'usage courant. Le terme Uchigatana disparaîtra avec le temps pour laisser place à ces nouveaux termes. Mauvaise qualité en effet, car la guerre civile d'Ōnin a engendrée une production de masse. Les forgerons de renom sont de moins en moins nombreux. Les katanas sont produits en tradition Bizen et Mino simplifiées, et sont appelés kazu-uchi mono ou tabagatana (épées produites en masse), de moins bonne qualité, différenciée des chumon-uchi (épées de haute qualité et sur mesure, faites en général pour les seigneurs).

La forge composite continue à se développer avec l'apparition des kobuse et des makuri appliqués au katana. Ce son des lames constituées de différentes nuances d'acier, pour avoir une surface dure et un intérieur de lame plus tendre et souple pour une meilleure absorption des chocs.
C'est aussi à cette période que le mousquet arrive au Japon, ramené par les portugais en 1543. Une grande production est alors ordonnée, et plus de 3000 mousquets verrons le jour en 10 ans.
Les Shintō
Vient ensuite l'ère Azuchi Momoyama, qui signe l'arrivée des unificateurs au pouvoir (Nobunaga Oda, Toyotomi Hideyoshi, et Tokugawa Ieyasu). De nombreuses modifications permettront à l'artisanat de se développer énormément. L'unification fait disparaître les écoles de forge (les cinq grandes traditions), mais de grands maîtres font leur apparition un peu partout dans le Japon. Par ailleurs, le kenjutsu et le port du daishō se développent énormément. On parle de Shintō (« nouveaux sabres ») qui sont très différents de ce qui se faisait auparavant. Le terme est utilisé pour la première fois dans le « Shintō Bengi », livre publié pendant l'ère An'ei (1772-1781) par Kamata Natae. Néanmoins la qualité du grain de ces Shintō est en général moins bonne que celle des Kotō. Ceci est dû à l'importation massive d'acier de moins bonne qualité depuis le Portugal et la Hollande (nanbantetsu ou encore hyotantetsu ou konohatetsu en opposition au watetsu, acier japonais), et l'utilisation d'un acier Japonais de piètre qualité venant de l'ouest (acier contenant trop de phosphore, ce qui augmente les risques de casse de la lame). Mais l'après production de masse de la guerre d'Ōnin, montre clairement que le terme Shintō est justifié : ces nouveaux sabres sont d'une qualité indiscutablement supérieure en ce qui concerne les techniques de forge qui se sont énormément développée dès la fin de l'ère Muromachi, en parallèle à cette production rapide et massive. Les anciennes techniques elles ont disparues, mais sont redécouvertes petit à petit, et les nouvelles techniques viennent s'y greffer pour créer un art de la forge d'excellente qualité (très largement crée par Umetada Myoju, que l'on considère comme un des fondateurs des Shintō, sans être sûr pour autant de son implication puisqu'il semblait surtout être un grand forgeron de tsuba, menuki, fuchi, tsuka-gashira, kogai et kogatana). Les expertises (Kantei) deviennent plus courantes, et c'est ainsi que la famille Hon'ami créa une première classification des lames. Des certificat furent remis, et les katanas de la tradition Sōshu eurent la part belle dans cette classification.

L'ère Edo aussi nommée parfois période Tokugawa, voit réapparaître le désir de faire des katanas esthétiques et raffinés comme l'étaient les Kotō. On parle toujours de Shintō, bien qu'il y ai donc une grande différence entre les premiers Shintō, et ces derniers qui en plus d'être plus esthétiques sont aussi souvent de meilleure qualité (les techniques de forges ayant continuées à se développer). Les courbures sont revues pour moins imiter celles des tachi, de magnifiques hamon (lignes de trempe) se développent. On parle pour ces trempes de Shinto Tokuden, un nouvel art. Une différence entre l'est et l'ouest apparaît, on parle d'Osaka Shintō et de Edo Shintō. Osaka étant une ville culturelle on a des katanas plus sophistiqués, alors qu'à Edo, nouvelle ville où le code du Bushidō est extrêmement stricte, on a des katanas souvent plus imposants, et dont la qualité technique prime sur l'esthétique. On parle alors de wazamono pour désigner les katanas coupant très bien, puisque c'est une période pendant laquelle les test de coupe (tameshigiri) sont courants, et que certaines personnes sont officiellement employées par le gouvernement pour faire ces tests. Elles ont alors le droit de le faire sur des criminels et prisonniers, et on voit alors gravé sur la soie (tang) des lames des katana ce qu'on appellera des tameshi-mei tel que « Futatsu do otosu » (à coupé deux troncs). Ces tests peuvent augmenter considérablement le prix d'une lame, à savoir que les katanas durant cette période, sont de plus en plus cher : les forgerons obtiennent avec le temps un statut social toujours plus important. Des décrets feront leur apparition durant cette période, le premier en 1638 visera à imposer une taille maximum de 84,8cm pour un katana, et 51,4 pour un wakizashi (taille de la lame en partant du habaki). Les grands katanas sont alors véritablement mis de coté. En 1712 ces tailles seront revues avec un nouveau décret : 87,6 pour un katana, 54,5 pour un wakizashi.
Les Shinshintō
La fin de l'ère Edo et le début de l'ère Meiji (1781-1876) voient la naissance des Shinshintō, dans une période où les pouvoirs sont rendus à l'empereur par le Shōgun. Le katana semble tomber dans l'oubli. Heureusement, Suishinshi Masahide un grand acteur de la période des Shinshintō, va redonner vie au katana. Venant d'une famille de samouraïs, il formera une centaine d'élèves à Edo. Grâce à lui la forge renaît, le tachi fait sa réapparition, de même que les cinq Gokaden (écoles de forge). Le Shinto Tokuden est toujours pratiqué. C'est une période pendant laquelle des katanas très différents les uns des autres sont forgés, dans l'idée de retrouver les différentes traditions, Kotō comprit. Les Tanto refont leur apparition, alors qu'ils semblaient avoir disparus pendant la période des Shinto. Avec le temps une grande partie des forgerons essaieront de retrouver les styles des ères Kamakura et Nanboku-chō, où de magnifiques lames avaient été forgées. On ne peut donc véritablement parler de style bien précis pour cette époque, les forgerons commencent d'ailleurs à mélanger les styles, en forgeant des katanas d'une école puis d'une autre. N'étant pas spécialisés ce n'est d'ailleurs pas toujours un succès. Avec l'ère Meiji vient la disparition des samurais (décret Haitorei interdisant le port d'arme en 1868). Le katana devient alors véritablement un objet d'art, et dès 1897 certains d'entre eux sont nommés trésors nationaux.
Le showatō
Le showatō fera son apparition pendant la période Showa lors de la seconde guerre mondiale : ce sont les derniers katanas à usage véritablement militaire. Beaucoup ne respectent pas les traditions, et sont de qualité médiocre. De rares sabres sortent néanmoins du lot tels que ceux du centre de forge Yasukuni, les katanas désignés Rikugun Jumei Tosho, et ceux de Gassan Sadakatsu, ou Nobufusa. Les katanas auront aussi pour but de redonner courage aux hommes pendant les guerres modernes. Le but était de produire plus 2.150.000 sabres pour équiper les hommes de l'armée Japonaise qui devaient en posséder un. On parle alors de guntō, sabres japonais produits en grande quantité pour un usage militaire. Au final on estime que 2.000.000 de sabres on été crées lors des périodes Kotō, Shintō, et Shinshintō, le défi était donc impossible puisque même 900 ans n'avaient pas suffit à produire autant de sabres. Mais dans le but de se rapprocher au possible de cet objectif, les katanas produits abandonnèrent tous l'acier traditionnel (Tamahagane) pour un acier industriel nettement moins cher, et des techniques plus simples de production de masse. Prévus pour la guerre moderne, ils étaient en grande partie métalliques (Saya ou fourreau en fer, Tsuka ou manche en cuivre...). On parlera de Shin-gunto pour l'armée de terre, de Kai-gunto pour la marine, ainsi que de Kyu-gunto pour les poignées fermées à la manière des européens. A la la reddition des Japonais les États-Unis donnèrent l'ordre de détruire ces sabres pour humilier le peuple japonais. Heureusement nombre de ces katanas historiques furent sauvés. En définitive, showatō et guntō désignent des katanas produits au moins non traditionnellement, et souvent à la chaine. Les katanas de bonne qualité de cette période sont appelés les gendaitō.
Kyu-gunto (poignée à l'européenne)
Les gendaitō et shinsakutō ou shinken
Le gendaitō ou sabre moderne, est le nom donné aux katanas forgés après la dernière modification de l'édit Haitorei en 1876 (interdiction du port du katana), jusqu'en 1945. Contrairement aux showatō et aux guntō produits pendant les mêmes années, les gendaitō sont considérés comme étant de bonne qualité, car forgés selon les traditions. Le port du katana étant interdit, la production diminua dramatiquement. La demande ayant presque disparue, les forgerons se reconvertirent. A tel point, que l'empereur, passionné par le katana (mais ayant prit ces mesure pour des raisons politiques) nomma des GIGEI-IN, des artisans qu'il pria de revenir à leur activité d'origine et qui furent rémunérés dans ce but. C'est ainsi que Gassan Sadakazu et Myamoto Kanenori furent nommés GISEI-IN en 1906 par l'empereur. Aujourd'hui , les katanas forgés par des maîtres japonais accrédités sont appelés shinsakutō ou shinken. En plus d'être des objets d'art, ils on véritablement gardé leurs capacités de coupe comme ceux qui étaient fait à l'époque.

Actuellement le katana a de beaux jours devant lui, entre autre grâce à la NBTHK (NIHON BIJUTSU TOKEN HOZON KYOKAI, crée en 1948, organisme de protection des katanas traditionnels, crée par des spécialistes, des collectionneurs et des forgerons). Elle a réhabilité le grand fourneaux Tatara à Shimane au Japon. Il permet aujourd'hui de produire environ deux katanas par mois, en utilisant l'acier Tamahagane le plus traditionnel qui soit. Ils sont évidemment forgés par de grands maîtres. Ce sont en général des soshu den et des bizen den. Des descendants de grands forgerons sont toujours actifs et transmettent leur art aussi bien qu'on pu le faire leur prédécesseurs. On a des katanas récents qui sont d'une qualité aussi excellente que nombre de Shintō ou Shinshintō, on pense même pouvoir retrouver un jour la qualité des Kotō de Masamune de Soshu, ou d'Ichimonji de Bizen. Le sabre japonais n'est donc pas du tout en passe d'être perdu, et outre la production de masse (qui existait déjà il y a plusieurs centaines d'années) le katana d'art, techniquement supérieur, est toujours d'actualité, et les techniques n'ont de cesse de se transmettre et de s 'améliorer.
Shinsakutō (katana récent et fonctionnel) de Fukuda Yoshimitsu