Les gorges (Hi)
Voici un article concernant les gorges (Hi), article ayant pour but aussi de revenir sur un mythe largement répandu : non les gorges n’ont jamais eu pour but de faire écouler le sang sur les lames !
Elles sont en effet au début apparues essentiellement pour des raisons d’esthétisme. Mais rapidement, lorsque les sabres sont devenus plus épais et plus lourds, elles ont été jugées utiles afin de réduire le poids des sabres et pour rapprocher le point d’équilibre de la tsuka. Le gain était donc double en terme de maniabilité.
Les gorges restaient cependant assez minoritaires, puisque sur une structure Shinogi zukuri par exemple, elles limitent fortement l’utilité structurelle du shinogi (arrête longitudinale). Il en résulte une lame qui bien qu’ayant la même épaisseur, peut se voiler plus facilement en cas de choc puissant placé involontairement sur le plat de la lame.
Pour cette raison, aujourd’hui encore, les lames sans gorges sont privilégiées pour la coupe.
Mais les gorges ont aussi parfois une autre utilité, moins noble, visant à supprimer un défaut sur une lame par exemple. On parle alors de Atobi ou Atobori. Elle permettent par ailleurs de faciliter l’ouverture des plaies.
Les types de gorges :
Bo-hi (ou Bo-bi) : gorges larges sur toute la longueur de la lame, aussi appelées Shinogi Hi lorsque le shinogi constitue l’arrête inférieure des gorges.
Koshi Hi : gorges larges partielles
Futasuji Hi : gorges étroites et sur toute la longueur de la lame
Gomabashi : gorges étroites partielles
Bohi no tsure Hi/ no soe Hi : ensemble constitué d’une gorge large et d’une gorge étroite, la version tsure Hi ayant la gorge fine qui suit la fin de la gorge large
Vocabulaire lié aux gorges :
Tome : début de la gorge, qui peut être Kaki-toshi (tout le long de la nakago), Kaki-nagashi (jusqu’à la moitié de la nakago), Maru dome (début arrondi à 2-3cm sur la nakago), Kaku dome (début carré à 2-3cm sur la nakago)
Hisaki agaru : gorge qui se prolonge sensiblement au-delà du yokote
Hisaki sagaru : gorge qui s’arrête au niveau du yokoye
Chiri : chanfrein
Le katana et l'étiquette
L’étiquette est un élément important de la vie du samouraï, le port du katana et du sabre en général répond à certaines règles (évoquées dans un autre article du blog : port du katana), mais un grand nombre d’autres normes sont à respecter.
Si vous êtes sportif, il faut savoir que présenter son sabre à quelqu’un doit répondre à des étapes précises. Si le sabre est dans sa saya (fourreau), vous devez le tendre horizontalement, tranchant vers vous afin de montrer votre bienveillance, tsuka à droite comme sur l’image ci-dessous :
Si vous présentez le katana sans saya, vous devez le tenir verticalement, lame vers vous, en le tenant à deux mains (car l’étiquette permet aussi de mettre en place des règles de sécurité) de façon à laisser un espace pour la prise de l’autre personne :
A l’époque il y avait beaucoup d’autres règles. Le port notamment pouvait être modifié, tranchant vers le bas afin d’indiquer sa passivité, alors que tranchant vers le haut indiquait un rôle de protecteur. En fonction des situations, le port classique du tranchant vers le haut pouvait donc être différent.
Lorsqu’un samouraï entrait chez un ami, un noble de haut rang, une maison de thé, dans un théâtre ou dans le quartier des Geishas, le katana ainsi que le wakizashi devaient être laissés dans un râtelier à l’entrée. Chez un invité moins proche, le samouraï devait poser le katana au sol avant de s’agenouiller sur le tatami, katana à droite pour ne pas le dégainer facilement et ainsi signifier qu’il était amical envers son hôte. Si le katana était posé à gauche, cela n’était pas une entorse mais indiquait clairement que le samouraï était méfiant, ou vindicatif. Le wakizashi était gardé au obi car n’étant généralement pas gênant pour s’agenouiller.
Le sabre devait par ailleurs se trouver à droite ou à gauche, avec tsuka (manche) vers soi. En effet, laisser la tsuka dirigée vers autrui indiquait que le samouraï jugeait la personne trop peu adroite pour s’emparer du katana et l’utiliser, un manque de considération jugé très impoli.
Il était interdit de toucher le sabre d’autrui sans son autorisation explicite. Il pouvait même y avoir des combats lorsque quelqu’un touchait malencontreusement le sabre d’un samouraï sans le vouloir, dans une rue bondée par exemple.
Les tsuba (gardes), vocabulaire et formes
Il arrive qu’on nous demande s’il y a des formes de tsuba (garde) plus traditionnelles que d’autres. En réalité il a toujours existé un très grand nombre de formes, les tsuba dont le contour était irrégulié avaient d’ailleurs un nom.
Les tsuba les plus courantes étaient néanmoins de forme Maru gata (ronde), Naga maru gata ou Mokko gata.
Voici les formes les plus couramment observées :
Mais le vocabulaire des tsuba est bien plus complexe encore que cela. Une tsuba peut en effet comporter de nombreux éléments, des trous de forme bien particulières notamment qui ont une utilité spécifique. Voici un schéma du vocabulaire basique d’une tsuba :
鍔 (鐔) Tsuba
Garde
形 (型) Gata (Kata)
Forme de la tsuba.
平 Hira
Surface de la tsuba.
耳 Mimi
Bordure de la tsuba.
中心穴 Nakago-ana
Le trou par lequel passe la soie (partie dans le manche/tsuka) de la lame.
櫃穴 Hitsu (-bitsu ) -ana
Trous pour placer Kogai (à droite) et Kozuka (à gauche). On précise alors ainsi : Kozuka hitsu ana, Kogai histu ana, un Hitsu ana pouvant donc être pour l’un ou l’autre. Le Kozuka est petit couteau, qui s’insère dans la saya et dont le manche passe par ce trou dans la tsuba. Le Kogai est un pique/broche, qui servait à de nombreuses choses (chignon du samouraï, petit outil de démontage des yoroi/armures…).
地金 (心鉄) Jigane (Shingane)
Métal utilisé pour la tsuba.
責金 Sekigane
Morceau de matière (souvent en cuivre) placé au niveau du Nakago ana afin d’ajuster la tsuba à la lame pour qu’il n’y ai pas de jeu.
埋 Ume ou 当金 Ategane
Morceau de métal placé dans Kozuka-ana ou dans le Kogai ana afin de le combler.
覆輪 Fukurin
Une bordure extérieure supplémentaire, généralement en métal mou (or par exemple). Élément assez rare.
鏨跡 Tagane Ato
Traces laissées par l’adaptation de la tsuba à la lame (ponçage).
銘 Mei
L’éventuelle signature de l’artisan, généralement à côté du Nakago-ana.
切羽台 Seppa Dai
Une base plate et souvent sur-élevée qui vient recevoir les seppas, de chaque côté de la tsuba.
腕貫穴 Udenuki ana
Deux petits trous utilisés pour passer une cordelette.
透鍔 Sukashi tsuba
Tsuba en fer ajouré.
Mais il y a d’autres éléments à prendre en compte dans la forme d’une tsuba, au-delà de ses contours. Les bords notamment (appelés Mimi). Ils peuvent être de différents types comme sur ce schéma :
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